Comme vous l'aurez compris, j'ai découvert Lisbonne avec un IMMENSE plaisir. Ces vacances colorées m'ont à la fois ressourcées et émerveillées. Notre séjour est d'autant plus inoubliable que nous avons croisé des personnes chaleureuses et attachantes sur notre route.
Je ne pouvais pas refermer ce carnet de voyage sans vous les présenter un peu et je crois que cette affiche des rues de l'Alfama illustre bien ce que nous avons vécu : des échanges d'une profonde richesse qui témoignent du désir de se rencontrer et de vivre des choses ensemble aussi différents que nous soyons : pas de peur ni de haine, juste des sourires, des émotions, de la confiance et la quintessence de notre humanité.
Un grand merci à Nelson, Florence, Inês et Duarte, Anna et Isabelle, Titu et Ni, Basma et Ninon, Natalia et Paola, Ciara, Mouhamad, Julia et Luiz, Olivier et Catherine. Vous allez voir, ils sont supers!
Je dirais que notre voyage au Portugal a débuté à Paris en compagnie de Nelson, le conducteur de notre covoiturage pour l'aéroport. Originaire de l'Angola, l'un des neuf pays lusophones au monde, il a spontanément proposé de nous offrir notre première leçon de portugais. On avait parcouru rapidement le lexique de notre "Lonely Planet" pour avoir des bases, mais avec l'accent et les intonations c'est incomparable!
Nelson est un homme d'une grande gentillesse, au sens de l'engagement certain. Il s'était fait voler son portable la veille au soir et avait passé une partie de la nuit au commissariat. Malgré tout ça, il a choisi d'assurer le trajet pour ne pas nous mettre en difficulté avec une annulation de dernière minute. Quand j'y repense, je ne sais pas comment nous nous sommes retrouvés dans la foule de Gare du Nord lol. En tout cas, tous les covoitureurs étaient en avance et avaient repéré Nelson sans avoir besoin de demander une quelconque position par téléphone, ce qui aurait été impossible...
C'est également dans la voiture que nous avons sympathisé avec Florence qui partait en Irlande. Cette femme passionnante d'une cinquantaine d'années a parcouru le monde entier en sac à dos, grâce au développement des compagnies aériennes "low cost" dont elle a connu les débuts. A l'époque, elle voyageait en Europe pour 5 euros aller-retour et il paraît que c'était la norme : incroyable mais vrai!
Comme on était dans la même salle d'embarquement, on a encore papoté près d'une heure avant de s'envoler vers nos destinations respectives. Florence nous a parlé du Népal, de l'Iran, de l'Amazonie, de l'Ethiopie, du Cambodge, de Madagascar et de l'Islande. C'est une aventurière, une baroudeuse, une routarde, une conteuse de la vie qui nous a littéralement transporté.
Arrivés à Lisbonne, nous avons enfin rencontré Inês et Duarte chez qui nous avons logé durant notre séjour. Après avoir échangé sur whatsapp de janvier à mai, c'était comme retrouver des amis. Ces deux frères et soeurs forment un duo complice qui m'a fait penser à mon frangin et moi. Ce sont des hôtes accueillants, attentionnés et d'une grande disponibilité.
Quand ils ont reçu l'appartement de leur grand-mère en héritage, Inês qui est architecte d'intérieur, a proposé à Duarte de le rénover et de le transformer en "guest house" pour accueillir les voyageurs du monde entier. Elle m'a dit combien ça lui tenait à coeur que ce bien reste dans la famille pour devenir un lieu d'hébergement interculturel et intergénérationnel. Je crois que lorsqu'on on est une amoureuse des voyages comme elle, on tombe aussi amoureux des gens et alors c'est magique...
Inês et Duarte n'habitaient pas avec nous mais passaient à la maison tous les jours pour s'assurer que tout se passait bien. L'occasion rêvée pour discuter, rire ensemble et échanger des bons plans. Et quand on ne se croisait de la journée, on avait toujours un petit clin d'oeil par texto avec des émoticones expressives comme jamais : j'adore!
Pour finir, je crois que le plus touchant c'est qu'Inês et Duarte sont des enfants du quartier : ils ont grandi à Alameda et continuent d'y vivre avec une grande partie de leur famille. Nous avons d'ailleurs rencontré leur papa, un homme sociable au regard pétillant et doux. Comme on dit : "le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre" lol. Une citation qui me rappelle le "jardin aux abricotiers" que je contemplais tous les matins en prenant le petit-déjeuner avec le chant des oiseaux.
Durant notre séjour, nous avons vu "la casa" s'animer et vivre de multiples façons au gré des arrivées et des départs : les odeurs d'épices dans la cuisine, le son des langues étrangères, de la musique et des rires. L'ambiance et la bonne humeur sont garanties quand 5 à 10 personnes cohabitent ensemble. Mais ce qui importe également, c'est que chacun a été très respectueux des règles de vie commune.
Anna et Isabelle étaient là depuis une semaine quand nous sommes arrivés à "la casa". Après avoir déposé les valises dans la chambre, on a discuté ensemble affalés dans le canapé. Ces deux soeurs belges flamandes avaient beaucoup à partager et même si elles partaient le lendemain c'était trop chouette.
Elles nous ont raconté leur séjour à Lisbonne et nous ont montré des photos de Sintra. Anna voyage beaucoup toute seule et nous a aussi parlé de son tour des îles grecques en "couchsurfing" : Crète, Rhodes, Corfou, Ithaque, Myconos, Santorin... Cette épopée a été possible grâce à la communauté des "couchsurfeurs" qui accueillent les voyageurs chez eux, gratuitement, sans aucune contrepartie, simplement avec le désir de recevoir et de faire découvrir leur culture. Comme on aime dormir chez l'habitant, elle nous a vivement encouragé à tester. J'ai créé mon profil sur le site depuis 2015 mais n'ai encore jamais vécu l'expérience "couchsurfing". Peut-être pour bientôt qui sait lol.
https://www.couchsurfing.com/
Nous avons croisé Basma et Ninon le lendemain, deux étudiantes françaises de la banlieue parisienne, amies d'enfance, nées à un jour d'intervalle, qui adorent voyager ensemble. Après avoir visité Barcelone l'année dernière tout comme nous, voilà qu'elles arrivent à Lisbonne! On a tellement rigolé de cette coincidence en cherchant à savoir quel duo suivait l'autre dans ses voyages qu'après ça la glace était totalement brisée. Le soir même Basma nous invitait à sortir avec elles pour célébrer son anniversaire, avant de faire à nouveau la fête le lendemain pour celui de Ninon.
Les filles sont restées une semaine et c'était hallucinant de voir à quel point nos rythmes étaient au diapason. Comme on se levait à la même heure, on se retrouvait souvent tous les quatre pour le petit-déjeuner. Trop agréables ces discussions du matin à se raconter nos journées et nos anecdotes sur la vie à Lisbonne. On a vraiment appris à se découvrir personnellement et on s'est trouvé pleins d'autres points communs. Aujourd'hui nous sommes toujours en contact depuis la Corée du Sud où Basma est partie en échange universitaire pour un an.
Avant leur départ, nous avons partagé une journée ensemble à Cascais et pris un tas de photos. Ceux qui me connaissent savent que je n'aime pas être photographiée lol, mais certaines rencontres valent largement la peine qu'on se crée des souvenirs .
Natalia et Paola ont aussi contribué à l'ambiance joyeuse et festive qui régnait à "la casa". Ces deux amies chiliennes, dont l'une arrivait de Barcelone et l'autre directement de Santiago, étaient spécialement de passage pour le festival de musique "Rock in Rio" au Parque da Bela Vista. Impatientes de voir les Maroon 5, elles nous ont proposé de venir avec elles pour une soirée de folie à chanter et danser : mémorable!
"Animals" Maroon 5 - Copyright The Relevant
Ciara l'italienne est arrivée deux soirs plus tard à "la casa" pour passer une nuit avec une amie. J'étais en train de faire un thé dans la cuisine alors qu'elle cherchait le cendrier. Accoudée au bord de la fenêtre, elle regardait les abricotiers teintés de rose dans la lumière du soleil couchant en tirant lentement sur sa cigarette. Tandis que je m'approchais un sourire aux lèvres, nos regards se sont croisés et nous avons commencé à parler de sa chère patrie que j'ai pas mal visitée.
Ciara est le genre de personne qui peut paraître un peu rustre au premier abord. Elle a une voix rauque et profonde, parle vite et fort, va droit au but et s'impatiente facilement. Elle est assez difficile à suivre mais j'aime la gestuelle de ses mains et son langage corporel qui m'aident à la comprendre. Son caractère semble très affirmé mais j'ai perçu beaucoup de tendresse en elle.
Lorsque nous nous sommes levés le lendemain, les italiennes étaient déjà parties. Je ne sais pas pourquoi mais Ciara m'a laissé l'image d'un tourbillon qui emportait les choses sur son passage avant qu'on ait compris ce qu'il se passe lol.
Quelques heures plus tard, alors qu'on traversait la place "Marques de Pombal" j'ai entendu l'écho de mon prénom résonné dans la foule. En levant la tête, j'ai reconnu Ciara qui m'envoyait des bisous du haut de son bus touristique, imitée par une dizaine de personnes souriantes. On ne s'est jamais revu mais ce geste que je lui ai adressé en retour m'a fait l'effet d'un "free hug" : inattendu, touchant et réconfortant.
Nous avons continué notre ballade vers la "Feira do Livro" où nous avons joué une partie d'échecs géants avant de jeter un coup d'oeil aux bouquins.
Les dernières personnes que nous avons rencontrées à "la casa" sont Julia et Luiz. C'est drôle comme on était en décalage total avec cette mère brésilienne et son fils qui venaient d'arriver de Sao Paulo. Pendant deux jours, on s'est croisé en bas de l'immeuble quand ils en sortaient alors qu'on rentrait et inversement lol. On échangeait toujours un sourire et un mot de salutation mais rien de plus.
Le troisième jour, qui était aussi la veille de notre départ, tout ce petit monde s'est retrouvé dans la cuisine à préparer le dîner en même temps. Spontanément, nous nous sommes ensuite attablés pour partager nos plats et avons longuement parlé à la lueur des bougies. Un vrai coup de coeur! Chacun de nous relançait la conversation avec délice passant d'un sujet à un autre : la vie à Sao Paulo, la crise sociale au Brésil, les Jeux Olympiques, la destitution de Dilma Roussef, les noirs d'Amérique du Sud, les voyages, la nourriture, la musique etc.
Luiz, qui est un jeune professeur de sociologie à l'université de Sao Paulo, est aussi un grand passionné des cultures africaines. Sa mère, Julia, ayant étudié à Paris durant sa jeunesse, il voulait lui faire le cadeau de revenir ensemble dans la "Ville Lumière" en visitant d'autres capitales européennes par la même occasion.
Finalement, cette douce soirée s'est terminée par une vaisselle collective à minuit passé. Au moment de se quitter, Julia nous a serré très fort dans ses bras comme seule une maman peut le faire. J'ai eu les larmes aux yeux de recevoir tant d'amour d'une personne que je connaissais à peine et me suis dit que la vie était vraiment belle.
Je me souviens enfin que je n'ai jamais autant parlé anglais de ma vie (5 heures de conversation) et que je n'ai jamais été aussi bien comprise en retour lol. Il faut croire qu'on avait vraiment envie de communiquer et que ça nous a poussé à trouver en nous des ressources linguistiques insoupçonnées. Merci à tous les films, les séries et les vidéos que je regarde en version originale ou en sous-titré!
Alors que "la casa" a été le point de départ de toutes ses belles rencontres, je dois souligner que les rues de Lisbonne nous ont aussi réservé de jolies surprises.
Tout d'abord, je pense à Titu et Ni, deux portugais d'origines cap-verdienne et mozambicaine. Ils jouaient de la guitare et chantaient dans les ruines graffée près du "Castelo de Sao Jorge" lorsqu'on s'est arrêté pour les écouter. Leur musique était fabuleuse, l'harmonie des voix et l'acoustique formaient comme un écrin pour la mélodie. Titu a vu que j'avais envie de danser alors il m'a encouragé jusqu'à ce que j'esquisse quelques pas. Puis Ni est venu me rejoindre et nous avons improvisé une danse à deux. Je me suis sentie tellement libre et légère dans cet instant. Nous étions encore en train de rigoler tous ensemble lorsque Titu a proposé d'aller mangé des plats du Mozambique à "Cantino do Aziz", son endroit préféré pour la cuisine du pays.
J'ai pris des samossas aux légumes, du riz accompagné d'un "matapa" de crabes et crevettes (une sauce de feuilles de manioc cuisiné au lait de coco) et une glace à la noix de cajou. La cuisine mozambicaine, que je goûtais pour la première fois, est tout simplement délicieuse! Je n'ai rien mangé d'aussi savoureux durant tout notre séjour.
Pour finir, nous avons prolongé la soirée à la "Mouradia", un centre communautaire et socio-culturel de l'Alfama où le groupe cubain "Havana Way" était en concert. Nous avons dansé avec les habitants du quartier jusque tard dans la nuit et avons fait la connaissance de Mouhamad venu de Londres pour rendre visite à son cousin.
Après la fête, Mouhamad nous a généreusement invité à prendre le thé avec lui. En discutant, nous avons appris que sa famille avait fui le Cachemire pour l'Angleterre dans les années 60 suite à la guerre que menait l'Inde et le Pakistan pour annexer le territoire. Aujourd'hui partagé entre ces deux pays et la Chine, le Cachemire reste une région sensible à cause de sa frontière avec l'Afghanistan. Mouhamad n'y est jamais retourné mais nous a parlé de son pays avec beaucoup d'attachement et de nostalgie. Nous avons passé une belle fin de soirée en sa compagnie et avons appris pleins de choses sur sa terre natale.
Cantino do Aziz - Copyright mycottoncloud
Programmation de la "Mouradia" - Copyright mycottoncloud
Concert des "Havana Way" - Copyright mycottoncloud
Le retour à Paris s'est fait dans le froid et les inondations, mais nous avons encore partagé quelques rayons de soleil avec Olivier et Catherine qui faisaient du covoiturage pour la première fois. Ils étaient ravis d'apprendre que Ryanair avait rétabli des vols vers Lisbonne car ils ont justement une maison de vacances à Cascais. La boucle était joliment bouclée! On a éclaté de rire et passé le reste du trajet à parler du Portugal avant que je tombe de sommeil pour une petite sieste. A mon réveil, Olivier et Catherine nous avait déposé à la maison pour éviter qu'on ne galère dans le RER à cause des grèves. Ils ont été d'une bienveillance extraordinaire et sont repartis dans le sud après avec nos plus beaux sourires.
Ainsi, s'achève ce carnet de voyage à Lisbonne...
J'espère que vous aurez pris autant de plaisir à me lire que j'en ai pris à vous partager tout ça. On se retrouve très vite pour des moments à Paris et en voyage! Je rentre tout juste de Prague et vous prépare de nouveaux articles pour continuer à profiter de l'été ensemble.
Passez de belles vacances et prenez soin de vous "mes petits nuages"!
Enjoy!