JOURNÉE 4 : PYRGOS, SAINT-ÉLIAS ET PERISSA
Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes fin prêtes à rejoindre le point culminant de l'île pour contempler la vue panoramique. Mauvaise surprise en arrivant à la voiture : le flanc droit de la caisse est rayé, sans doute un acte délibéré du "poseur de poubelle" (cf carnet de voyage partie 2). Nous accusons le coup et vérifions immédiatement les termes du contrat de location. Il y a une franchise de 1500 euros, mais j'entends "200" quand belle-sœurette m'énonce les conditions. Je relativise aussitôt les conséquences de ce vandalisme, tandis que Delphine reste tendue et préoccupée (si j'avais compris, j'aurais été dans le même état).
Décidées à profiter de la journée, nous retrouvons notre bonne humeur légendaire et prenons la route. Nous dépassons des randonneurs qui font le trajet sous une chaleur de plomb : j'adore marcher mais dans ces conditions et avec le dénivelé c'est sans moi! Il faudrait partir aux aurores pour bénéficier de la fraîcheur durant l'effort.
Le village de Pyrgos est notre première étape avec ses maisons traditionnelles bâties autour du Kasteli, un château vénitien totalement en ruine. Les chats nous montrent la voie et prennent la pose tandis que nous explorons les ruelles. Nous passons devant des portes chatoyantes, faisons rebondir l'écho de nos voix dans un tunnel laiteux et trouvons enfin une église ouverte depuis notre arrivée sur l'île (une grande première).
Nous pénétrons dans l'édifice silencieusement... Il fait assez sombre, pas de vitraux, des assises en bois sont disposées le long des murs laissant place à un espace central occupé par des pupitres de cierges vacillants.
Un lustre tombe de la voûte bleutée, son cristal scintille légèrement dans un rayon de soleil attirant mon regard. Delphine se recueille un instant puis nous reprenons notre déambulation jusqu'aux ruines du Kasteli en hauteur. Nous sommes impatientes de découvrir l'endroit mais tout est à l'abandon avec une vue quelconque.
Heureusement, le chemin nous a révélé la terrasse du Franco's Café près d'une autre église (il y'en a tellement impossible de faire le compte) et celle du restaurant Rosemary où nous réservons une table le soir-même.
Nous revenons sur nos pas et je m'arrête un instant à l'ombre d'un figuier. Qu'est ce que j'entends? Le bourdonnement d'un essaim d'abeilles qui me fait détaler en vitesse sans demander mon reste! Nous prenons place parmi les cactus et les fleurs de Franco pour des rafraîchissements dignes de ce nom. Mon regard embrasse l'horizon et je me laisse envahir part un sentiment de plénitude qui s'étire tout le temps que nous restons affalées dans nos sièges en osier.
Le moment est venu de repartir mais je suis engourdie de paresse. Nous nous frayons un passage jusqu'à notre bolide parmi les maisons colorées et une école submergée de cris d'enfants en récré. Pyrgos est derrière nous pour quelques heures : ce n'est qu'un au revoir!
Nous atteignons le Monastère Saint-Elias au bout d'une route tortueuse et franchissons les portes de l'enceinte enveloppées d'une nuée de coccinelles. Il faut croire que sont les maîtresses de maison, on ne les appelle pas "bêtes à Bon Dieu" pour rien (clin d'oeil).
La vue sur Santorin est inédite, la chapelle du monastère se livre à notre présence et nous découvrons avec curiosité la boutique des moines en aube blanche et coiffe noire : il y a du thé, des tisanes, du miel, de l'encens, des objets sacrés, des prières, des cartes et pleins d'autres choses qu'ils confectionnent avec soin.
Nous regagnons la terre ferme à contre-coeur saisies par tant de beauté... La plage de Perissa nous attend et finit par nous consoler.
Nous nous étendons sur les transats du Yazz où je commande un cocktail et une moussaka en observant un parachute ascensionnel s'élever dans les airs. Après une petite sieste et nos discussions de filles, je pars à la recherche d'étoiles de mer et de coquillages pour les collectionneurs restés à Paris. L'eau est froide, des frissons parcourent mon corps alors que le vent se lève et que l'écume s'attache à mes pieds.
Retour près de Delphine : elle bouquine pendant que j'observe un couple jouer aux raquettes en évitant de se faire piquer la balle par le chiot d'à côté. La scène est hilarante et attendrissante, je m'amuse à compter les points à leur insu. Au moment de partir, nous faisons de la balançoire à deux places sous les palmiers et programmons le retardateur de l'appareil photo afin de capturer nos élans de joie (des âmes d'enfants je vous dis).
Clap de fin de cette journée sur la terrasse du Rosemary de Pyrgos, après un bref passage à l’hôtel pour nous apprêter. Au menu, le coucher de soleil (toujours au rendez-vous), des zucchini (croquettes de courgettes avec une sauce au yaourt et miel) et un kokoretsi de la mer (dorade et crevettes cuisinées dans une sauce de tomate, poivrons, ail, cumin et origan).
JOURNEE 5 : NEA KAMENI, PALEA KAMENI, THIRASSIA
Aujourd'hui nous partons à l'abordage du volcan telles des pirates! Nous rejoignons un groupe d'une quinzaine de personnes pour naviguer en mer toute la journée. Notre excursion en goélette prévoit une boucle Nea Kameni-Palea Kameni-Thirassia avec le coucher de soleil sur Oia. On s'installe à la proue du bateau qui longe les falaises de Fira depuis le port d'Athinios avant de prendre le large : la vue en contre-plongée est incroyable!
Nous accostons sur Nea Kameni (nouvel îlot brûlé), classée parc géologique naturel afin de préserver sa beauté et son intérêt scientifique.
Tania nous guide avec humour et énergie dans six langues (français, anglais, italien, espagnol, portugais, allemand) en expliquant comment les îles qui constituent Santorin sont nées et se sont transformées au fil des éruptions volcaniques.
Arrivées au sommet de Nea, des gaz chauds s'échappant en fumerolles des cratères centraux nous indiquent l'activité de la lave en fusion dans les profondeurs. De là, on aperçoit aussi Palea Kameni... Avant de redescendre au bateau, nous ajoutons des pierres aux centaines de monticules qui se dressent devant nous (faites un voeu).
Le capitaine largue les amarres et nous voguons maintenant vers Palea Kameni (vieil îlot brûlé). Tout le monde est déjà en maillot de bain tandis que le bateau s'immobilise à quelques mètres de la côte. Delphine saute du ponton dans l'eau glacée, je la rejoins en descendant l'échelle de cordes et nous nageons vers les sources chaudes. Plus nous approchons du volcan et plus l'eau monte en température jusqu'à atteindre 40°C (l'extase). Nous finissons par avoir pied mais je n'aime pas la sensation des algues et de la vase aux tons rouillés sur ma peau.
Quarante-cinq minutes plus tard, le capitaine bat le rappel. Je cherche mon équilibre pour grimper sur le bateau car l'échelle oscille de droite à gauche. Je m'étends au soleil et me laisse porter jusqu'à Thirassia les yeux fermés.
"L'île à la forme de crocodile" (dixit Tania) abrite le village de Manolas perché sur les hauteurs. Nous avons quartier libre pour déjeuner et visiter : mon séchage est terminé juste à temps! Nous mangeons notre pique-nique avec appétit puis je pars me balader à la recherche d'une glace. Le délai est trop court pour gagner le village mais je suis bien décidée à me dégourdir les jambes dans le port. Il y a des barques de pêcheurs, des fleurs d'aloe vera, ce charmant moulin transformé en restaurant au pied du vieux débarcadère. Je m'assois au bord de l'eau et savoure mon dessert avant de remonter sur le bateau.
Dernier arrêt à Ammoudi Bay, le port d'Oia : le capitaine débarque notre petite troupe et nous fait ses adieux. Nous pensions contempler le coucher de soleil depuis le bateau avant de rentrer à Fira par la mer. Au moins, c'est rassurant de constater que nous avions tous compris la même chose : quelle déception...
Une famille brésilienne n'a pas le courage de grimper à flanc de falaise jusqu'en ville et décide de rentrer avec le capitaine. Le groupe se disperse et chacun entame son ascension avec l'énergie restante. Delphine part devant, je chemine à mon rythme en laissant passer mes compagnons de galère à dos de mulet. Les bêtes prennent toute la place et ont tendance à foncer sur les gens, si bien que j'ai peur de me faire piétiner et/ou "encrotter".
Je me pétrifie à chaque fois que les cloches annoncent leur passage et me rends compte qu'une dame - Anne - est dans le même état que moi. Je croise son regard et nous explosons de rire bien consciente du ridicule de notre réaction. De loin c'est cool d'observer le cortège des ânes, mais de près c'est trop angoissant. Guy - le mari d'Anne - nous encourage avec beaucoup de bienveillance et nous terminons la montée au diapason en faisant connaissance. Ces jeunes retraités canadiens, anciens professeurs à Montréal, sont passionnés de voyages et vivent leur rêve de parcourir le monde en amoureux. La conversation est passionnante, nous partageons nos meilleurs souvenirs et faisons des pauses pour reprendre notre souffle. Pendant ce temps, Delphine commence à s'inquiéter et s'apprête à descendre me chercher quand je ramène finalement ma fraise accompagnée d'Anne & Guy.
Il y a un monde fou au centre ville d'Oia en ce samedi! Nous marchons en direction des moulins à vent pour un, deux, trois thés glacés des montagnes sur la terrasse de Fanari. C'est bon, frais, désaltérant, littéralement addictif!
Le soleil est en train de se coucher, nous bougeons chez Ochre pour admirer le spectacle devant un dîner. Le serveur allume des bougies et apporte des plaids pour réchauffer nos jambes nues. Nous levons nos verres à cette escapade mémorable et savourons un yuvetsi (pâtes traditionnelles mijotées dans une sauce de tomate, ail et basilic avec des morceaux de veau) suivi d'un soufflé au chocolat.
Tania nous attend au point de rendez-vous à 22h30 pour rentrer à Fira en car. Nous retrouvons les membres du groupe avec des visages souriants mais fatigués. Cette journée a été enthousiasmante et épuisante! Je m'endors avant que ma tête n'ait touchée l'oreiller.
JOURNÉE 6 : MESSARIA, MEGALOHORI ET KARTERADOS
C'est dimanche et j'étais curieuse d'assister à une messe orthodoxe. Cependant, je me suis désistée la veille pour me reposer car la journée en mer a pompé mon énergie. Je pensais me ressourcer avec une grasse matinée mais j'ai très mal dormi : je me sens sonnée, cassée, vidée, comme si je couvais quelque chose... Delphine s'est installée au bord de la piscine depuis un bon moment pour ne pas me réveiller. Elle a déjà pris son petit-déjeuner et attend de croiser Stavros pour se faire indiquer l'église sauf qu'il a disparu. Je file manger avant la clôture du service puis me rendors jusqu'à 14h00.
Le deuxième réveil est le bon! Je me sens beaucoup plus en forme et motivée à l'idée de faire un tour. Nous conduisons jusqu'à Messaria, un petit village environné de jardins et de vignobles au sud-est de Fira. Nous flânons dans les rues mais ne croisons personne : juste nous et un soupçon de mystère dans ce silence...
Nous poussons vers Megalochori, un autre village pittoresque des alentours. C'est agréable de se perdre dans les ruelles animées : les gens sont détendus marchant d'un pas léger et gracieux comme s'ils dansaient.
Nous mangeons sur la place du village au Marmita Restaurant, entourées du bruissement des conversations et des rires auxquelles se mêlent nos voix. La gastronomie grecque est toujours à l'honneur dans mon assiette avec une fava (purée onctueuse de fève) et une frikase (agneau mijoté au oignons et aux herbes).
Nous rentrons à l'hôtel heureuses de cette escapade et passons le début de soirée affalées dans le lit à regarder des vidéos de mariage en échangeant nos dernières inspirations (un grand évènement se prépare dans la famille).
Quelques heures plus tard, la faim nous tire de notre cocon. Ce soir c'est "Karterados by night"!!!!!! Nous choisissons de manger chez Katherina's, l'une des meilleures tables du coin. Nous traversons le village à la nuit tombée tandis que des lucioles se manifestent en points de lumière évanescents. Je craque pour les tomato keftedes (beignets de tomates) et du poulet sauce yaourt-menthe accompagné de riz : simple et savoureux!
ENJOY